Auteurs : JM Wurtz, O Choquet, R Martin
Date de publication : 24 février 2012
ALR en pédiatrie
Particularités de la chirurgie des enfants.
Comme chez l'adulte, l'anesthésie locorégionale est réalisable chez l'enfant.
Elle est réalisée par des Médecins anesthésistes spécialisés en pédiatrie.
Il est classique aujourd'hui d'utiliser avant une prise de sang ou la mise en place d'une voie veineuse (perfusion), une crème anesthésiante cutanée ou un patch cutané qui diffuse des anesthésiques locaux (Crème EMLA). Cette technique peut également s’appliquer avant de réaliser une anesthésie locorégionale chez le grand enfant. Elle permet d'anesthésier la zone dans laquelle va être faite la piqûre et donc d'éviter une douleur souvent traumatisante pour l'enfant. Il faut savoir que le délai d'action de cette crème est assez long, il est nécessaire de la mettre en place environ 60 minutes avant la piqûre.
Malheureusement, on ne peut la plupart du temps pas réaliser chez l'enfant d'anesthésie locorégionale isolée : il faut presque toujours associer une anesthésie générale. En effet, l'enfant doit être endormi pour que l'Anesthésie Loco Régionale puisse être réalisée en sécurité et cette anesthésie générale est poursuivie pendant l'intervention pour que le jeune enfant reste tranquille et que le chirurgien puisse opérer sans difficulté supplémentaire.
L'anesthésie générale chez l'enfant est souvent faite " au masque " : on endort l'enfant en lui faisant respirer un mélange gazeux spécial qui entraîne l’anesthésie. Les gaz employés sont sûrs et leur odeur peu désagréable, il arrive que les enfants s'endorment " tout seul " en s'appliquant eux même le masque sur le visage.
Il est possible d'endormir les enfants à partir d’un certain âge par voie intraveineuse si l'on met en place une perfusion après administration d’EMLA. Les médicaments nécessaires réaliser l’anesthésie sont alors injectés directement dans la perfusion.
Le souvenir que garde l'enfant de l'intervention dépend des douleurs qu'il ressent à son réveil et qui sont minimisées par une prise en charge adaptée de l’analgésie postopératoire.
Ainsi, l'enfant garde un meilleur souvenir s'il est bien endormi : une bonne prémédication administrée à un horaire bien défini par rapport à l'intervention permet à l'enfant d'arriver détendu au bloc opératoire.
Si ces 2 conditions ne sont pas remplies : anesthésie effectuée sur un enfant calme et analgésie postopératoire de bonne qualité, on est certain que l'enfant gardera un mauvais souvenir de son hospitalisation et que chaque " blouse blanche " sera désormais synonyme pour lui d'agression.
La douleur est une expérience émotionnelle et sensorielle désagréable.
La douleur chez l'enfant est souvent plus difficile à appréhender que chez l'adulte : le petit enfant ne peut exprimer sa douleur que par des pleurs. Ces pleurs, comme le savent bien les parents, peuvent exprimer aussi bien la faim que la douleur.
Même plus âgés, les enfants ne sont pas toujours capables d'expliquer la localisation et l'importance de leur douleur, ils pensent souvent qu'un adulte "sait" ce qui se passe.
Le rôle des parents dans la prise en charge de la douleur de l'enfant est fondamental. Ce sont eux qui connaissent le mieux leur enfant, et qui s'aperçoivent d'une modification de son état de santé : " il n'est pas comme d'habitude ". Il peut être abattu ou au contraire agité.
Un enfant peut avoir très mal et au lieu de d'exprimer sa douleur, il peut ne plus être capable de réagir. Si l'on traite sa douleur, l'enfant recommence alors à communiquer.
Comment évaluer la douleur chez l’enfant ?
On peut lui demander de dessiner sur un bonhomme le représentant tous les endroits qui lui font mal, il peut à l'aide de 4 couleurs différentes essayer de graduer sa douleur.
On peut, chez l'enfant âgé de plus de 5 ans, utiliser, comme chez l’adulte, une réglette graduée de 0 à 10.
Quelles anesthésies locorégionales pratique-t-on chez l’enfant ?
L'Anesthésie Loco Régionale la plus courante chez l'enfant est l'anesthésie caudale. C'est une technique variante de l’anesthésie péridurale, réalisable chez le nourrisson et le petit enfant et qui permet d'obtenir une anesthésie s’étendant du nombril jusqu'aux pieds. L’anesthésique local est injecté dans l’espace péridural par le petit orifice situé entre le coccyx et le sacrum. Contrairement à l’anesthésie péridurale chez l’adulte, on n’utilise pas de cathéter et la durée de l’effet analgésique est limitée dans le temps.
La rachianesthésie peut également être pratiquée chez les enfants de tous âges en utilisant des aiguilles et des doses d’anesthésique local adaptés à leur morphologie et à leur âge.
Des blocs périphériques tels le bloc axillaire et le bloc fémoral sont régulièrement réalisés chez l’enfant. Leur développement a été grandement favorisé par l’apport de l’échographie.